Dys et troubles neurovisuels

Dans la sphère des « dys », on entend souvent parler de troubles oculomoteurs/ optomoteurs et neuro-visuels. Mais qu’est-ce que ces troubles neurovisuels ?

Les troubles neurovisuels sont rarement purs. Ils sont généralement associés à un trouble d’apprentissage :

–       Une dyslexie de type dyslexie de surface

–       Une dyspraxie de type dyspraxie visuo-spatiale

–       Un TDA (Trouble déficitaire d’Attention) avec ou sans Hyperactivité

–       Une dysphasie dans le cadre de troubles associés

Dans cet article, nous essayerons de répondre à toutes ces questions :

Mais qu’est-ce réellement qu’un trouble neurovisuel ?

Qu’est-ce qu’un mouvement oculaire ?

Qu’est-ce que l’exploration visuelle ?

En quoi ces troubles sont-ils si gênants ?

Quelles sont leurs conséquences en matière d’apprentissage : en lecture, en copie…

Peut-on y remédier et comment ?

Quelles aides ont besoin les personnes touchées par ce trouble ?

Qu’est-ce qu’un trouble neurovisuel ?

Parlons de la vision :

La vision est le fait d’avoir une perception visuelle.

Pour avoir une bonne perception visuelle,

–       il faut que l’acuité visuelle soit efficiente. C’est ce que l’on dit couramment en parlant de « bonne vue ». C’est l’ophtalmologue qui vérifie la qualité de l’acuité visuelle.

–       Il faut aussi que nos yeux aient appris à se poser au bon endroit au bon moment. Nos yeux font donc des gestes, ces gestes nous permettent de faire des mouvements oculaires corrects. C’est l’orthoptiste qui vérifie la qualité des mouvements oculaires.

Qu’est-ce qu’un mouvement oculaire ?

Nos yeux font différents gestes pour que nous puissions voir ce que l’on nous demande de voir, ce que nous désirons voir, de manière globale ou de manière détaillée. Ils font différents mouvements.

Nous avons deux yeux : chaque œil voit une image. Quand nous regardons, nous ne voyons qu’une seule image. Notre cerveau va fusionner ses deux images pour n’en former qu’une seule : nous avons alors une image nette et en relief.

Les deux yeux doivent donc regarder la même image autrement dit dans la même direction. Si ce n’est pas le cas, on voit double.

La fusion des deux images reçues par le cerveau se réalise quelle que soit la distance, quelle que soit la direction, quelle que soit notre position (stable ou en mouvement).

Quand nos deux yeux ne regardent pas tous les deux ensemble, on louche. Un œil regarde dans une direction et l’autre dans une autre : c’est le strabisme.

Nos yeux font donc des mouvements, on peut dire aussi qu’ils font des gestes. Si l’acuité visuelle est importante, la réalisation de gestes habiles et fluides est tout aussi importante.

Les saccades :

Une saccade oculaire est un mouvement rapide, bref des yeux. Ce sont comme des « bonds ». La saccade oculaire est réalisée pour passer d’une position à une autre position, sur un « terrain » stable. Ces mouvements sont très rapides (jusqu’à 800°/s) et durent très peu de temps (de 50 ms à 150 ms). On dit que c’est le mouvement le plus rapide qu’un être humain peut réaliser. Elle peut être réalisée volontairement à n’importe quel moment et en direction de n’importe quelle cible. Les saccades sont plus précises lorsqu’elles sont importantes : plus le « bond » est petit, plus il est difficile d’être précis. Comme les petites saccades sont peu précises, elles sont souvent suivies d’autres saccades ou d’un léger glissement pour corriger la position du regard

Les saccades oculaires sont importantes pour l’exploration spatiale, car elles permettent les explorations visuelles.

– La poursuite oculaire :

La poursuite oculaire nous permet de suivre un objet qui se déplace dans notre champ visuel. C’est un mouvement lent, fluide, continu et régulier. Comme le mouvement est lent, la qualité de l’image est conservée et nous pouvons toujours avoir des informations visuelles concernant l’objet que nos yeux poursuivent.

La fixation :

Ce n’est pas à proprement parler un mouvement puisqu’il s’agit de l’activité des yeux lorsque justement ils ne bougent pas. La fixation sert à bloquer et fixer ce que nous regardons. Néanmoins, pendant une fixation, nos yeux continuent de bouger quand même. Certains pensent même que la fixation est l’action la plus mobile de l’œil. Les yeux continuent donc de bouger même lorsque nous fixons en réalisant différents mouvements.

Qu’est-ce qu’un champ visuel ?

Lorsque nous fixons droit devant nous, nous avons voyons quand même ce qui se passe sur les côtés. Le champ visuel est donc la zone globale de ce que nous voyons lorsque nous regardons droit devant nous.

  • La dérive : dite encore « drift » (que veut dire dérive en anglais). C’est un mouvement progressif et involontaire sur le champ visuel.
  • Le trémor dit encore nystagmus : c’est un tremblement réflexe donc involontaire de l’œil. Il permet un micro-déplacement. Il est autonome pour chaque œil contrairement à la saccade pour laquelle les deux yeux sont coordonnés. Il est très difficile à observer, car il est en fait, un mouvement involontaire et constant des yeux.
  • Les micro-saccades : ce sont des saccades involontaires que l’on appelle secousse pour les différencier des saccades oculaires (qui sont des saccades d’exploration). Elles permettent un déplacement involontaire réflexe entre deux fixations. Elles se produisent environ 1 fois par seconde. Elles permettent de déplacer l’image tout en la conservant.

Qu’est-ce que l’exploration visuelle ?

Pour observer quelque chose avec mes yeux, mon regard doit se poser à des endroits précis en respectant un certain ordre. Mes yeux vont donc faire des mouvements oculaires : ils vont passer d’un point de fixation à un autre point, pour passer d’un point à un autre, ils vont réaliser des saccades. L’exploration visuelle est donc une suite de saccades oculaires et de fixation. Pour analyser un élément visuel, nous réalisons une saccade puis une fixation.

Le regard se déplace sur les endroits les plus importants, portant le plus d’informations. Plus il y a d’informations, plus la fixation va être longue, notre regard va donc s’arrêter plus longtemps à cet endroit. Plus la cible observée va être complexe, plus la stratégie d’exploration va être importante. De plus, cette observation est influencée par un but : je n’aurai pas la même stratégie si je dois retenir, ou décrire un personnage, une activité, un contexte, …

Pour compléter votre lecture, vous pouvez lire cet article :

Chez les dyslexiques, comme il n’y a pas d’œil directeur, l’image inversée du b donc le d va rester. L’absence d’asymétrie de la zone de Maxwell ne permet donc pas d’éliminer l’image miroir. On comprend mieux alors pourquoi la lecture est gênée et surtout pourquoi les dyslexiques confondent de manière récurrente certaines lettres comme le b, d, p, q u, n… des lettres miroirs.

Extrait de l’article : dyslexie, mieux comprendre la nouvelle étude

Lire l’article complet >>>

L’exploration visuelle est donc primordiale pour rechercher et capturer un élément d’une scène visuelle.

Les troubles neurovisuels chez les dys

Ces gestes du regard sont souvent réalisés de manière presque automatiquement. En effet, ils sont appris très tôt. Lorsque ces gestes oculaires. Ces troubles neurovisuels vont donc impacter la bonne stratégie du regard entraînant des difficultés de poursuite oculaire, d’exploration et de fixation. Mais pourquoi ces troubles sont-ils finalement si gênants ?

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1ère publication 16/03/2012 – MAJ 06/10/2020

2 réflexions sur “Dys et troubles neurovisuels”

  1. Article bien écrit.

    Je veux simplement faire une remarque les orthoptistes formés en neurovision ne sont pas pour autant formés en basse vision et vice versa

    je suis orthoptiste en Ile de France, je suis formée (et passionnée) par la neurovision mais pas à la basse vision. Attention à ne pas faire d’amalgame 😉

    Il suffit de demander à votre orthoptiste ou aux professionnels qui suivent déjà votre enfant (la plupart du temps ils sauront)

    1. Valérie DUBAND

      Bonjour Calinou,

      Vous avez raison, ce sont deux « spécialités » différentes. Lorsque cet article a été écrit pour la première fois en 2012, peu d’orthoptistes étaient formés en neurovision et la basse vision, bien que différente étaient déjà une piste pour avoir une prise en charge, notamment dans certains territoires.
      Il est vrai qu’actuellement bien plus d’orthoptistes sont formés.

      Je vous remercie pour cette remarque constructive et vais modérer mon propos. Il existe encore malheureusement des zones ou espaces territoriaux dans lesquels certains professionnels sont absents.

      Bonne et belle journée.

      Valérie DUBAND

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