Mémorisation et oubli : retenir une leçon

Comment retenir efficacement une leçon ?

« J’sais plus », « j’ai oublié », « c’est pas important ça»…

Chez les « dys », le temps de devoirs est fréquemment synonyme de « galère ». Pour leurs parents aussi généralement !

Comment les aider à retenir une leçon ?

Si l’on parle beaucoup de la mémoire, de son fonctionnement, et de ses capacités, on entend trop peu parler de l’oubli. Pourtant mémoire et oubli sont intimement liés. En effet, nous ne retenons pas tout sur tout, nous oublions certaines informations.

Selon Ebbinghaus, plus le temps passe et plus nous oublions. Il établit une courbe de l’oubli[1].

La courbe de l’oubli d’Ebbinghaus montre que nous oublions rapidement après un apprentissage.

La courbe de l’oubli d’Ebbinghaus montre que nous oublions rapidement après un apprentissage.

Sur cette courbe, nous nous apercevons rapidement que nous oublions très vite. En effet, à la fin de la première journée, nous avons déjà perdu plus de 50% des informations : quelle catastrophe !

En fait, lorsque je suis face à une information que je dois mémoriser, je retiens environ 75% de ces informations. Autrement dit, après une heure de cours, nos jeunes ont retenu ≈  75% des informations données par l’enseignant : pas mal ! (tenant compte bien entendu qu’ils sont dans une véritable écoute et non pas en plein bavardage avec leurs voisins).

Courbe de l’oubli  (Tony Buzan[2]) Après quelques minutes de cours, les informations retenues augmentent : j’ai ré-évoqué les premières informations données (exercices, questions, participation…)

Courbe de l’oubli  (Tony Buzan[2]) Après quelques minutes de cours, les informations retenues augmentent : j’ai ré-évoqué les premières informations données (exercices, questions, participation…)

Comme l’enseignant, généralement, donne un exercice ou demande de répondre à une question durant son cours, il participe à une première répétition des informations. En effet, par exemple, pour réaliser l’exercice de physique que le professeur vient de donner, il faut que je me rappelle ce qu’il vient d’expliquer et la formule qu’il vient de donner. Je fais donc déjà appel à ma mémoire. Durant cette période, j’utilise des liens dans ma tête entre ce que je connais, ce qui est nouveau, ce que je sais déjà… bref, je fais des liens entre mes différents neurones et j’en fabrique aussi des nouveaux. À ce moment-là, j’ai presque 100% des informations dans ma tête.

 

Comment faire pour ne pas oublier ses leçons ?

Après une journée, la chute de la quantité des informations retenues est vertigineuse. Que s’est-il passé ?

En effet, après 24 heures, nous avons perdu une grande partie des informations que nous avions retenue. En effet, durant cette période de 24 heures, nous avons tous dormi. Durant notre sommeil, notre cerveau réalise une sorte de tri, il ne peut retenir tout ce qui s’est passé ou dit dans une journée. Il va donc sélectionner ce qui est important. Qu’est-ce qui est important pour lui ? Simplement les éléments (quels qu’ils soient) auxquels nous avons pensé au moins deux fois dans une journée ! Autrement dit, si vous n’avez pas pensé au moins deux fois dans votre journée à votre cours d’histoire, le lendemain la perte est déjà énorme.

Quand je dors mon cerveau réalise un tri.

Quand je dors mon cerveau réalise un tri.

 

Au bout d’une semaine, il vous ne vous reste que  ≈ 20%. Avec 20%, vous avez même sûrement perdu la compréhension. Autrement dit, vous n’avez plus suffisamment d’information pour avoir compris. Cela explique pourquoi nos chères têtes blondes sortent d’un cours en ayant tout compris, pensant alors qu’il est inutile de réviser. Lors de l’évaluation, ils se retrouvent avec une note qui est bien en dessous de ce qu’ils espéraient. Les grands spécialistes sont les Enfants Intellectuellement Précoces qui pensent que comprendre veut dire mémoriser.

Lorsque je suis sorti de cours, j’avais un grand nombre d’information et j’avais compris. Après une semaine, j’ai perdu trop d’informations pour avoir encore la compréhension. En revanche, il est fort probable que j’ai conservé mon impression d’avoir compris.

Lorsque je suis sorti de cours, j’avais un grand nombre d’information et j’avais compris. Après une semaine, j’ai perdu trop d’informations pour avoir encore la compréhension. En revanche, il est fort probable que j’ai conservé mon impression d’avoir compris.

L’astuce : ré-évoquer !

Plus vous allez ré-évoquer ces informations, plus vous les stockerez de manière durable dans votre mémoire.

Autrement dit, la première chose à faire quand vous rentrer chez vous après une journée d’école, c’est de se poser les questions suivantes :

Lire cet article pour mieux comprendre les évocations.

Autrement dit, la première chose à faire quand vous rentrer chez vous après une journée d’école, c’est de se poser les questions suivantes :

Qu’est-ce que j’ai fait aujourd’hui ?

De quoi parlait mon cours de math ? Quelles étaient les formules, les propriétés … ?

De quoi parlait mon cours d’Anglais ? Quels étaient les mots nouveaux ? Quelles nouvelles expressions est-ce que je me souviens ?

De quoi parlait mon cours de SVT ? A-t-on vu des schémas ? Des images ? Réalisé un travail pratique ?

….

Pour les parents, c’est poser les questions suivantes :

Qu’as-tu fait aujourd’hui en cours ? Quels cours avais-tu aujourd’hui ?

Qu’est-ce que tu as appris de nouveau ?

Qu’est-ce qui t’a le plus intéressé aujourd’hui ?

En se posant ces questions, nous invitons l’autre à ré-évoquer sa journée, ses cours et nous combattons ainsi l’oubli. La réactivation permet de maintenir les informations mémorisées en cours.

 

​Quand je ré-évoque, je repousse la courbe de l’oubli.

 

​Quand je ré-évoque, je repousse la courbe de l’oubli.

 

L’avantage est que réactiver un cours dans sa tête va très vite. En effet, nous sommes capables dans notre tête d’aller très vite, de faire des liens rapides avec nos différentes mémoires. J’ai l’habitude de dire que dans sa tête, nous sommes capables de repasser une heure de cours dans sa tête en 5 à 10 minutes.

Il est aussi important de prendre en compte l’intérêt pour la matière. Si j’aime les maths, il y a de fortes chances que je ré-évoque rapidement mon cours de math et, qu’effectivement cela ne me prenne que quelques minutes. En revanche, si je n’aime pas les math, il y a de grandes chances que mes ré-évocations soient plus laborieuses et me demandent plus de temps. C’est pour cela qu’il est très important, notamment lorsque l’on est en difficulté dans une matière, de ne pas laisser s’échapper les informations et de le ré-évoquer au minima une fois dans la journée.

Finalement le travail personnel qu’est-ce que c’est ?

Le travail personnel (les devoirs) consiste finalement à maintenir les informations dans ma mémoire. Plus j’attends pour réviser un cours, plus je perds des informations… et plus j’aurai besoin de temps pour revenir au niveau (%) attendu.

Si je suis stratégique et que je n’aime pas faire passer trop de temps de sur mes devoirs, j’ai tout intérêt à réviser un moment tous les soirs, je gagnerai du temps !

Plus j’attends, plus temps de travail personnel sera long.

Plus j’attends, plus temps de travail personnel sera long.

 

Pour les élèves « dys » (dyslexiques, dyspraxiques, dysphasiques ou TDAH), c’est donc réduire la fatigabilité.

Un peu tous les jours vaut mieux que beaucoup sur une journée.

 

[1] Karen Huffman, Introduction à la psychologie, Editions De Boek, 2009.

[2] Tony Buzan, Une tête bien faite, Eyrolles, 2011.

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