Bienveillance et droit au changement

 

Le droit à la bienveillance

 Aujourd’hui, j’ai envie de vous parler de certains jeunes qui m’amènent à me questionner : de Maxence, 15 ans catalogué dans son collège comme enfant terrible, de Lucie la rebelle qui s’est fait expulser déjà de deux collèges, en passant par Clément que son collège refuse de reprendre l’an prochain.

Que se passe-t-il pour que ces jeunes sortent autant du système ? Et surtout comment faire pour qu’ils retrouvent pied ?

Je pourrais commencer par vous expliquer que Maxence a un TDAH, que Lucie a une histoire de vie compliquée, que Clément est un Enfant Intellectuellement Précoce. Et en même temps, mes questions m’emmènent plus loin. Oui, bien sûr, je pourrais sûrement expliquer que le zébulon TDAH répond aux profs, oublie régulièrement de faire ses devoirs, que l’EIP en a marre de s’ennuyer et préfère s’occuper en prenant le parti de distraire la classe…

Mais…

Mais si j’essaye de regarder aussi un peu plus loin.

Je m’interroge : laisse-t-on vraiment le droit à ces enfants de changer ?

respect et bienveillance

Maxence a fait de gros efforts. Il a aussi maintenant une prise en charge multimodale mais, son prof de français pense toujours qu’il n’en fait qu’à sa tête, son professeur de SVT le sort de cours même pour un écart minime… Maxence est catalogué. Lorsque Lucie arrive dans son nouveau collège, toute l’équipe sait qu’elle a été affectée là parce qu’elle a été expulsée pour des problèmes de comportement. Elle est aussi déjà cataloguée. Quant à Clément, difficile de lui retrouver un collège en mai, son dossier ne joue pas en sa faveur.

Voilà, je travaille avec ces jeunes-là aussi. Ils ont aussi la volonté de s’en sortir et ils nous le font savoir à nous les adultes. Bien sûr qu’ils ne s’y prennent pas de la bonne manière, ils commettent des erreurs, ils payent aussi ces erreurs. Lorsqu’ils arrivent en coaching, ils sont conscients que leur comportement (quelle qu’en soit la cause réelle) n’est pas tolérable au sein d’un établissement scolaire. Ils connaissent parfaitement les règles, ce qu’ils doivent faire, ce qu’ils ne doivent pas faire. Oui, ils sont bien éduqués ! Et pourtant…

Je leur offre un temps durant lequel ils ne se sentent pas sermonnés mais écoutés, entendus. Je ne cherche pas à devenir leur « copine » et ils le sentent bien mais je les respecte et je les regarde « vraiment ». Je vais plus loin que leur comportement, leur manière de parler, du genre qu’ils peuvent se donner. Dans la plupart des cas, ce sont des très beaux jeunes complètement dévalorisés, qui ne croient plus en eux, qui ne croient plus qu’ils peuvent encore y arriver. Pour certains, même changer ne servirait à rien : « c’est trop tard, j’ai fait trop de con*eries ! ». Comment peut-il être trop tard à 14, 15 ou 16 ans ?

J’entends même leurs parents, désabusés qui me confient qu’ils n’ont plus confiance en eux, qu’ils attendent la prochaine bêtise en serrant les dents… comme une fatalité. Ils ne lâchent pas pour autant mais, avouent leurs sentiments d’impuissance. Certains sont même au bord du burn out parental.

Lire : le burnout parental, parlons-en !

Mais alors qui croit encore en eux ?

Je ne jette la pierre à personne : ni aux enseignants qui ont les contraintes d’un groupe classe, ni au collège qui a aussi ses limites, ni aux parents bien sûr…

Mais alors comment leur faire constater qu’en modifiant certaines choses, d’autres choses se modifieront aussi dans leur vie ? Qu’un changement est bien possible ? 

Comment leur faire comprendre que rien n’est joué ? que tout peut encore changer ? Comment leur faire prendre confiance en eux ? Comment leur faire voir que leur avenir brille ?

En période adolescente, les jeunes se sentent invincibles, rien ne peut vraiment leur arriver, certains vont même carrément jusqu’à se mettre en danger pour prouver cette impression d’invulnérabilité. L’avenir leur semble tellement loin. A 15 ans, les personnes de 20 ans sont déjà vieilles (et oui !) ; alors leur parler de leur avenir, leur avenir professionnel, de choses qui vont leur arriver dans 3/5/10 ans, c’est tellement loin pour eux : ils pensent avoir le temps. Il faut alors prendre conscience que le futur pour eux, c’est là maintenant.

le futur pour les ados
Le futur parait souvent lointain aux adolescents (photo Pexels.com)

Lorsqu’ils essayent de changer, ils ne voient pas de modifications immédiates : pas d’encouragements, pas de stimulation, pas de soutien… Ils portent encore et toujours leurs étiquettes. Ils sont repris aux moindres petits écarts, punis, sanctionnés… or c’est bien à ce moment-là que la pédagogie et l’éducation bienveillantes devraient prendre tout leur sens. Leur permettre de pouvoir changer, cela demande aussi aux différentes personnes qui les entourent de changer avec eux.

Une nouvelle rentrée devrait être un nouveau départ. Il serait souhaitable que les adultes leur laissent aussi cette chance. Pensez-y vous aussi !

Il n’existe rien de constant si ce n’est le changement (Bouddha)

Voici 5 points pour vous aider :

1)      Vous n’êtes plus celui ou celle que vous avez été. Vous vous élevez un peu chaque jour (lire ici). Si c’est valable pour vous, cela est aussi valable pour les autres.

2)      Les encouragements quelles que soient leurs formes induisent des comportements positifs : tout le monde préfère recevoir des encouragements  et apprécie d’en recevoir. C’est bon pour l’estime de soi. N’hésitez pas à en donner.

3)      Admettre qu’exercer une autre autorité que l’autoritarisme est bien de l’autorité aussi. On peut donc être bienveillant et avoir de l’autorité.

4)      Respecter l’autre : une évidence pourrait-on dire… et pourtant combien de jeunes me disent encore : « Il (en parlant d’un adulte) me demande de le respecter mais, lui ne le fait pas ». Non, ce n’est pas parce que nous sommes adultes que nous sommes « supérieurs » aux enfants ou aux jeunes. Les adultes aussi commentent des erreurs.

5)      Admettre qu’il y aura encore des périodes « basses » : parce que l’apprentissage ne se fait pas de manière linéaire. Il passe par des essais, des tests, des expérimentations et aussi par des erreurs. Ces jeunes sont encore en apprentissage de la vie.

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